Le territoire du SAGE Dordogne Atlantique

«Un territoire et un engagement pour une préservation durable de l’eau, des rivières et des services qu’elles nous rendent»

Périmètre du SAGE Dordogne Atlantique

Une Région

Nouvelle-Aquitaine

 

Trois départements

Dordogne
Gironde
Lot-et-Garonne

311 communes

dont 180 entièrement sur le bassin hydrographique

225 600 habitants

sur la totalité du périmètre du SAGE

D’une superficie de l’ordre de 2 700 km², le périmètre du SAGE Dordogne Atlantique compris entre Limeuil (Dordogne) et Saint-André-de-Cubzac (Gironde), couvre 11% du bassin versant de la Dordogne. Situé à son extrémité aval, il est le réceptacle des eaux en transit depuis la source de la Dordogne lesquelles rejoindront ensuite l’estuaire de la Gironde avant de se perdre dans l’Océan Atlantique.

Véritable espace de transition entre le milieu fluvial et maritime, la richesse et l’importance de ce territoire notamment en termes de biodiversité n’est plus à démontrer, pour exemple vis-à-vis des migrateurs amphihalins qu’il abrite comme la Garonne et dont il doit veiller à la préservation.

Le périmètre du SAGE, définitivement fixé par arrêté interpréfectoral du 10 juin 2015, concerne Région (Aquitaine), 3 Départements (Dordogne, Gironde et Lot et Garonne), 311 Communes (dont 180 entièrement sur le bassin hydrographique), 22 Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (dont Bordeaux Métropole et 2 Communautés d’agglomération) pour une population totale d’environ 225 600 habitants (données recensement INSEE 2010).

Hydrographie

Les eaux superficielles : un axe majeur et une pléthore de bassins versants annexes

Le territoire du SAGE Dordogne Atlantique est situé au sein du district Adour Garonne, en partie aval du bassin versant de la Dordogne. Il s’étend, de l’amont à l’aval, des confluences Dordogne-Vézère à Dordogne-Virvée (linéaire total de cours d’eau de plus de 2 000 km) et est encadré, au Nord par le bassin versant de son affluent l’Isle, au Sud par celui de la Garonne (Dropt).

Il se décompose en 66 masses d’eau superficielles telles que définies par la DCE :

  • 12 masses d’eau « rivière » majeures ;
  • 43 masses d’eau « rivière » et « ruisseau » secondaires ;
  • 1 masses d’eau « canal » (canal de Lalinde).

Réseau hydrographique principal du périmètre du SAGE Dordogne Atlantique

L’axe Dordogne, clé de voute du SAGE, présente un linéaire de 160 km et draine au total une surface de 2 700 km². Sous influence partielle de la marée, sa dynamique est de type fluvial de Limeuil à Pessac-sur-Dordogne puis de type fluviomaritime jusqu’à l’estuaire de la Gironde. Ses cours d’eau affluents ont des surfaces de bassins versants de petite taille (< 100 km²) à l’exception de cinq d’entre eux : Le Caudeau, La Lidoire, La Couze, L’Engranne et La Gardonnette. Bien que de régime hydrologique très similaire, les tributaires de l’amont du territoire montrent néanmoins des fonctionnements quelque peu différents du fait de ceux de l’aval en lien avec la géologie du sous-sol. Les cours d’eau du bassin Dordogne Atlantique relèvent de différents régimes juridiques :
  • Le linéaire de la Dordogne inclus dans le périmètre du SAGE fait partie, dans son intégralité du Domaine Public Fluvial (affecté à la navigation), à savoir qu’il est un bien public de l’Etat. Les retenues hydroélectriques des barrages de Bergerac, Tuilières, Mauzac font l’objet de concessions hydroélectriques au bénéfice actuel d’EDF ; de même pour le canal de Lalinde, également bien public de l’Etat, dont la gestion est concédée au Syndicat Intercommunal du Canal de Lalinde.
  • Les tributaires de la Dordogne Atlantique, pour leur part, relèvent du domaine privé et sont dits non domaniaux.

Les eaux souterraines : un territoire riche

Au-delà du réseau hydrographique superficiel, le territoire de Dordogne Atlantique recoupe différents systèmes aquifères, en relation directe ou non avec les cours d’eau. Au total, 10 masses d’eau souterraine sont distinguées et regroupées selon le caractère « libre » ou « captif » des nappes d’eau : 4 nappes libres, 6 nappes captives.

Seule la masse d’eau majoritairement libre des alluvions de la Dordogne (code FRFG024) est pleinement intégrée à la démarche SAGE Dordogne Atlantique du fait de sa caractéristique majeure de nappe d’accompagnement de la rivière Dordogne. Le système aquifère auquel appartient cette nappe correspond aux formations alluviales récentes (Fy, Fz), aux basses et aux moyennes terrasses (Fx et Fw) de la vallée de la Dordogne entre le Bec d’Ambès en Gironde et Monceaux-sur-Dordogne en Corrèze. Il forme un important réservoir d’eaux souterraines entaillé par la rivière avec laquelle il est en interrelation, de manière variée et complexe. Ces échanges constituent un déterminant essentiel du fonctionnement du cours d’eau et de la vallée alluviale.

Masses d’eau souterraine intéressant le territoire de Dordogne Atlantique

Masses d’eau souterraines libres intéressant le périmètre du SAGE Dordogne Atlantique

Paysages

Trois grandes séquences paysagères sont distinguées en Dordogne Atlantique, en lien étroit avec l’occupation des sols par le secteur agricole :

  • L’amont polycultural et boisé (Limeuil-Creysse),
  • Le secteur média arbori-vinicole (Creysse-Castillon-la-Bataille),
  • Les coteaux viticoles à l’aval (estuaire fluvial).

Les trois grandes séquences paysagères du bassin Dordogne Atlantique

L’amont polycultural et boisé ou la vallée sculptée par la rivière

L’amont calcaire du bassin est marqué par une vallée relativement encaissée, avec des berges hautes. Les coteaux sont occupés par des forêts dominant des clairières agricoles.

Depuis la commune de Limeuil jusqu’à Mauzac, la vallée creuse un sillon étroit dans les calcaires et dessinent de remarquables méandres (ou cingles de Limeuil et Trémolat) où les falaises, mises à nu, surplombent la rivière en belvédères. L’agriculture (maïs, céréales, noyeraies, prairies, …) y façonne le paysage des terres basses et alluviales que les divagations de la Dordogne ont enrichies.

De l’aval de Mauzac jusqu’à Lalinde, la rivière commence un cours beaucoup plus rectiligne dans une vallée qui ressemble davantage à un couloir délimité par les coteaux boisés entre lesquels s’alignent, parallèles, la voie ferrée, le canal de Lalinde, la route et la rivière. Le paysage agraire reste toujours le principal occupant de l’espace de fond de vallée avec des terres dédiées aux grandes cultures (maïs), aux prairies et à quelques peupleraies. Toutefois, le paysage commence à y être sous influence du tissu urbain complexe inhérent aux abords des grandes villes, Bergerac ici.

Paysage en aval de Mauzac, Dordogne

Le secteur médian arbori-viticole ou de la vallée rivière à la vallée fleuve

Sur la vallée suburbaine entre Creysse et le Fleix, le paysage est caractérisé par une urbanisation diffuse et hétérogène (mélange de constructions anciennes et récentes, d’établissements industriels, artisanaux, commerciaux). Cette urbanisation est le reflet des stratégies d’aménagements passées : linéarité le long des grands axes de circulation parallèles à la vallée et au pied des coteaux, attractivité de la rivière et du grand pôle urbain bergeracois. Les rives, quant à elles, ont un caractère variable et donne au lieu moins d’intimité : d’aspect tantôt sauvage ou « industrialisé ». L’agriculture céréalière et maraîchère, développée sur les terres les plus riches et accessibles, laissent place progressivement à la viticulture et à l’arboriculture (surtout à l’Ouest de Bergerac). Alors que la vallée s’élargie, la Dordogne a presque disparu de la vision offerte depuis les principales voies de communication.

La ville de Bergerac marque le début des grands quais qui, dès lors, ponctueront la Dordogne jusqu’au Bec d’Ambès, rappelant aux mémoires l’histoire de la navigation.

Panorama de Bergerac (Source : ENSAPBx, 2014)

Plus en aval, entre le Fleix et Castillon-la-Bataille, le paysage entre dans un autre ensemble paysager, caractérisé par une nouvelle architecture. C’est la fin du Périgord annoncée par l’essor de la vigne, signe de transition avec la Dordogne girondine. L’agriculture y est dorénavant dominante dans la plaine, avec ses vignes et ses vergers (pommes, poires, kiwis, prunes), voire ses champs de maïs, ses peupleraies et ses prairies éparses. L’urbanisation s’étend le long de la RD 936 et est marquée par le patrimoine architectural exceptionnel des bastides de Sainte-Foy-la-Grande et Castillon-la-Bataille. Malgré la présence de boisements, le paysage des coteaux n’en reste pas moins monotone, en raison notamment de la forte implantation de la vigne.

Les coteaux viticoles à l’aval ou l’empreinte de la vigne

La vallée, dorénavant à caractère fluviomaritime (estuaire fluvial de la Dordogne), s’est fortement élargie et a pris une ampleur dont elle ne se départira pas jusqu’à l’estuaire de Gironde.

En amont de sa confluence avec l’Isle, la Dordogne sinueuse vient longer les coteaux de l’Entre-deux-Mers, abrupte limite de la vallée qui enserre la rive gauche. Au contraire, la rive droite est dégagée en une vaste plaine, presque exclusivement dévolue à la viticulture et qui s’étend jusqu’aux contreforts de Saint-Emilion.

Après la confluence de l’Isle, la Dordogne présente les dimensions d’un grand fleuve et s’écoule au fil d’une large vallée. La rivière y dessine d’amples méandres dans les terres basses et planes, lesquelles ont acquis un caractère humide de marais (bocage paludéen ou palus) au fil de ses divagations. Ce paysage de bocage frais et humide n’est cependant pas majoritaire dans la vallée mais plutôt une des composantes du paysage composite du secteur. En effet, de la ville de Libourne à la confluence Dordogne-Virvée, le territoire s’inscrit entre urbanisation ancienne, viticulture, marais, céréaliculture, prairies ou encore friches broussailleuses.

Croquis du paysage de Libourne à Saint-André-de-Cubzac ou « Ouverture au rythme des marées » (Source : ENSAPBx, 2014)

Histoire et identité

La rivière comme voie commerciale et culturelle

De l’époque romaine au XVIIIe-début du XIXe siècle, l’histoire de la Dordogne Atlantique est caractérisée par une pression anthropique faible à moyenne sur les cours d’eau. La Dordogne est essentiellement utilisée comme support de la pêche, de la communication et du commerce (batellerie, pêcheries) ainsi que pour son énergie motrice, voire pour l’irrigation traditionnelle.
Ses affluents supportent l’activité des moulins et de l’agriculture.
Selon l’impact de ces activités (hydrologie, qualité des eaux…) mais également de leur poids respectif, des conflits entre usagers peuvent apparaître conduisant parfois à la réglementation des pratiques ou même à la destruction d’installations existantes (cas des moulins à nef et des pêcheries). La rivière, au sens général, n’en demeure pas moins un lieu de cohabitation et de collaboration.

« du XVe au XVIIIe siècle, une véritable symbiose s’établit entre la rivière et la basse vallée »

M. Mabru, 2007

Une première métamorphose à partir de la Révolution industrielle

«Le XIXe siècle va tourner le dos à la rivière (…) »

M. Mabru, 2007

Le XIXe siècle et l’essentiel du XXe siècle marquent « l’industrialisation » du territoire par opposition à son caractère rural des époques passées.
Cette évolution, encouragée et soutenue par des coalitions d’intérêts nationaux et locaux qui en assurent la pérennité et la légitimité, concoure à la dynamisation et à l’attractivité du bassin.
« Une situation d’acceptation tacite de ces nouvelles activités et de leurs conséquences écologiques » s’installe plusieurs décennies durant (Source : N. BLANC & S. BONIN, 2008).
« Le XIXe siècle va tourner le dos à la rivière (…) » (Source M. Mabru, 2007).
le XXe siècle jusque dans les années 1980’s va la consacrer économiquement (moteur de développement) mais au mépris de sa fragilité.

La conscience d’une action environnementale nécessaire

Dès 1965, dans un climat général de lutte contre la pollution de l’eau et de développement local comme alternative aux planifications nationales, la Dordogne et sa vallée sont considérées comme un support de développement touristique, offrant une alternative aux seules activités agricoles. Résultant des mobilisations locales contre les gravières, un programme de réhabilitation de la Dordogne incluant une dimension qualitative est défini dans les années 1970’s (Dordogne rivière propre, 1977-1980).
A partir de 1976, les programmes locaux et nationaux de restauration des milieux aquatiques visent notamment le retour du saumon et des grands migrateurs. « Ces programmes s’appuient sur des mouvements sociaux relayés par des acteurs publics » (Source : N. BLANC & S. BONIN, 2008). Le consensus soutenant l’exploitation de la rivière est alors brisé par cette dynamique.

« Ces programmes s’appuient sur des mouvements sociaux relayés par des acteurs publics »

N. Blanc & S. Bonin, 2008

Patrimoine et Culture

L’eau dans l’urbain et le cadre de vie, évocation et lisibilité

A côté des vallées et rivières majeures de la Dordogne et de ses affluents, le territoire de Dordogne Atlantique est marqué par l’eau, de façon diffuse et discrète, à une échelle plus intime.

Une multitude de lieux offrent ainsi des motifs paysagers, des éléments de patrimoine, des milieux naturels et des aménagements liés à l’eau, de manière plus ou moins lisible et valorisée.
C’est le cas notamment :

  • Des étangs et plans d’eau artificiels, souvent espaces de respiration et de détente qui renvoient une image apaisante de réconciliation entre l’homme et la nature ;
  • Des marais fluviomaritimes ou palus de basse Dordogne qui offrent, selon les secteurs, des paysages semi-sauvages, bucoliques, mystérieux et des milieux naturels riches en termes de biodiversité ;
  • Des ponts qui, nombreux, jalonnent la rivière Dordogne (ponts en pierre ou en arc de Bergerac, viaduc ferroviaire de Cubzac, …)
  • Des quais et des cales où, au droit des villes ou villages, les berges de la Dordogne acquièrent un aspect plus urbain ;
  • Du canal de Lalinde;
  • Des fontaines, des puits et autres objets du petit patrimoine de l’eau qui peuvent animer et « rafraichir » l’espace urbain souvent minéral où ils sont implantés.

Aménagement

Un important contraste de répartition entre vallée et coteaux

Le territoire du SAGE Dordogne Atlantique compte environ 225 600 habitants (données recensement 2010) soit une densité de l’ordre de 83 hab./km² contre 46 hab./km² pour le bassin de la Dordogne. L’habitat y reste relativement diffus, 90% des communes ayant une population inférieure à 2 000 habitants. Un important contraste de répartition de population s’opère toutefois entre la vallée de la Dordogne (67 communes riveraines avec une densité de 180 hab./km²) et les coteaux (244 communes avec une densité de 32.5 hab./km²).

L’attractivité des pôles urbains, de la vallée et des axes de transport

Au-delà de la dichotomie vallée-coteaux, se fait ressentir l’attractivité des pôles urbains de Bergerac et de Libourne, mais également de Bordeaux qui connaît depuis une dizaine d’années un véritable renouveau. L’attrait de la métropole bordelaise et l’augmentation des flux de population en Dordogne aval devrait se confirmer et s’amplifier, à moyen terme, grâce à l’arrivée de la LGV depuis 2017.

La présence d’axes structurants, tant routiers (A89, D396, N21, …) que ferroviaires (TGV, TER, …, LGV Paris-Bordeaux) ainsi que les infrastructures aéroportuaires (Bergerac et Bordeaux) concourent à désenclaver le territoire et à ajouter à son attrait pour les populations locales, nationales et internationales.

Taux global d’évolution de la population, à l’échelon communal, entre 1962-2012 (Source : Données INSEE, 1962-2012)

Taux moyen annuel de croissance, à l’échelon communal, entre 1962-2012 (Source : Données INSEE, 1962-2012)

Une tendance à l’artificialisation : +9.5% entre 2006 et 2014

Malgré la mise en œuvre de SCoT et autres documents d’urbanisme devant contribuer à un développement équilibré des territoires et veiller à une prise en compte des enjeux environnementaux dans l’aménagement du territoire, le constat à l’échelle des deux principaux départements intéressés par le SAGE alerte. En effet, avec 25 500 ha de plus entre 2006 et 2014 (Source : Agreste, DRAAF ALPC), les sols artificialisés continuent de s’étendre en Dordogne (+6 500 ha) et, majoritairement, en Gironde (+19 000 ha). L’étalement urbain, et l’artificialisation qui en résulte, bénéficie en particulier à la périphérie de l’agglomération de Bergerac, de la métropole bordelaise et le long des axes de communication. Globalement, l’artificialisation en 8 ans a progressé deux fois plus vite que la démographie, ceci au détriment des espaces naturels et agricoles (Source : Agreste, DRAAF ALPC). Le pôle urbain de Bergerac est particulièrement impacté en raison du faible coût du foncier et de son attrait touristique ; en Gironde, particulièrement au niveau de la couronne bordelaise, le rythme de croissance de la population est supérieur à l’artificialisation.

Les territoires attirent et leur attractivité à court et moyen terme ne se dément pas, soulignant l’importance d’une réelle programmation de l’urbanisation, au travers des documents d’urbanisme.

Eléments structurants les usages du territoire

 

Les Marées

L’aval du territoire, sous régime fluviomaritime, est soumis à la marée du Golfe de Gascogne de type semi-diurne (période de 12h25min). En se propageant dans l’estuaire, l’onde se déforme et devient dissymé-trique, ceci se traduisant par un raidissement de l’onde de marée et une plus grande durée du jusant que du flot (vitesses de courant plus élevées en marée montante). L’action de la marée dynamique se fait ressentir jusqu’à Castillon-la-Bataille. Le marnage – différence entre niveau de pleine mer et de basse mer – est variable en fonction de l’état de vives eaux, de marées moyennes et de mortes eaux : son amplitude est maximale en vives eaux (de l’ordre de 5 m à Libourne), de plus en plus faible en amont de Libourne quelles que soient les conditions de marée.

Les Digues

Inhérent à l’aménagement des marais fluviomaritimes (« palus ») au XVIIe siècle, le territoire dans le secteur libournais s’est doté de digues. Celles-ci sont complétées d’ouvrages de types vannes, portes à flots ou clapets anti-retour et de réseaux de fossés (« esteys » ou « jalles ») qui permettent de drainer et/ou d’irriguer les terres selon la saison. Les 82 km de digues existantes sont majoritairement implantés le long de la Dordogne, depuis Sainte-Terre jusqu’à Saint-Loubès/Saint-Romain-la-Virvée ; quelques tronçons sont aménagés sur les portions aval d’affluents (Laurence, Virvée). Ces ouvrages, pour l’essentiel construits en terre, présentent des hauteurs souvent modérées (moins de 2 m) qui peuvent toutefois dépasser 3 m par endroits.

Les Equipements hydrauliques

Exploitant la force motrice de l’eau de la Dordogne et de ses affluents, plusieurs équipements hydrauliques d’importance ont été créés sur leur linéaire ou sur des biefs aménagés à cet effet. La Dordogne est directement concernée par l’aménagement de trois barrages hydroélectriques dans le secteur du bergeracois, soit d’amont en aval, celui de Mauzac, Tuilières et Bergerac. Ces barrages sont gérés « au fil de l’eau », entretenus et modernisés par EDF par le biais de concessions. Leur hauteur, selon les sites considérés, varie de 5.4 à 19 m pour des débits maximums turbinés de l’ordre de 57 à 274 m3/s.
Les affluents, pour leur part, compte de multiples moulins (plus de 150 à l’échelle du territoire) témoignant du « formidable équipement industriel mis en œuvre pour assurer le pain quotidien des populations » (Source : Archives Départementales de Gironde). L’histoire renvoie à deux types distincts de moulins à eau : les moulins fortifiés (Moulins de Labarthe sur la Gamage, …), les moulins à eau « classiques ». Faute d’entretien, la majorité ne sont plus fonctionnels et sont voués à l’abandon. Ils deviennent tantôt des vestiges, tantôt des sites patrimoniaux touristiques ou bien sont destinés à l’habitation.

Le Domaine Public Fluvial (DPF)

La Dordogne inclus du périmètre du SAGE Dordogne Atlantique fait partie, dans son intégralité, du Domaine Public Fluvial (DPF), à savoir qu’il est un bien public de l’Etat. Les limites latérales du domaine public fluvial correspondent à la hauteur des eaux coulant à plein bord avant débordement, dit plenissimum flumen. C’est donc la berge la plus basse qui détermine ces limites. La délimitation du DPF constitue un constat temporaire en lien avec l’évolution naturelle du cours d’eau. Les servitudes (de halage et de marchepied) grèvent les terrains bordant le DPF et imposent à tout riverain de laisser à l’usage du gestionnaire, des pêcheurs et des piétons une bande d’espace accessible au bord du cours d’eau.

Activités et usages de l’eau

L’alimentation en eau potable

La population du bassin Dordogne Atlantique, pour totalité, est alimentée en eau potable via l’exploitation des ressources en eaux souterraines (aucune prise d’eau de surface). Environ 4/5ème des prélèvements se font sur les nappes profondes, à la fois pour des raisons de productivité mais également de qualité, critère très important dans le choix définitif des ouvrages de captages auxquels seront associés ou non des usines de traitement plus ou moins complexes et coûteux pour la collectivité. Parmi celles-ci, le système hydrogéologique de l’Eocène (tous niveaux aquifères confondus) est tout particulièrement sollicité ; il fournit à lui seule plus des 2/3 du volume d’eau prélevé annuellement. Le recours aux nappes peu profondes est plus marginal, en particulier du fait de leur vulnérabilité intrinsèque vis-à-vis des pollutions de surface. La nappe alluviale de la Dordogne, historiquement exploitée pour la satisfaction des besoins alimentaires, est aujourd’hui « boudée » (moins de 10 captages encore présents).

L’assainissement

L’assainissement collectif

184 communes, soit environ 60% des 311 communes du périmètre du SAGE, sont équipées ou raccordées à une Station de Traitement des Eaux usées (STEU), pourcentage supérieur à la moyenne française (autour de 50%) (Sources : ERU2015 et SISPEA2015).

104 stations d’épuration disposaient d’un rejet ou d’une aire de rejet (cas de l’infiltration) sur le bassin versant Dordogne Atlantique en 2015 pour une capacité totale de traitement de l’ordre de 233 610 Equivalents-Habitant (EH). La très grande majorité appartient à la classe de capacité nominale [200 ; 2 000 EH] ; seuls 4 sites peuvent traiter plus de 10 000 EH par jour.

Malgré un important chantier de rénovation, réhabilitation des stations d’épuration grâce au contrat de rivière Dordogne Atlantique, 9 des 104 stations du bassin présentaient une non-conformité globale de performances. La majorité d’entre elles dispose de rejets directs dans la Dordogne ; pour les autres, les rejets se font dans des cours d’eau affluents pour lesquels le débit des effluents traités peut parfois représenter une part importante de leur débit d’étiage ou de leur débit réservé.

 

L’assainissement non-collectif

Malgré les méconnaissances demeurant, un estimatif de 38 000 logements non raccordés et de 51 hôtels de plein air (soit 10 500 personnes par jour) – campings et/ou PRL (Parcs et campings Résidentiels de Loisirs) – est fait pour le territoire du SAGE Dordogne Atlantique. Les niveaux de conformité ne peuvent être précisés.

L’agriculture

Les Surfaces Agricoles Utiles (SAU) constituent la première affectation du foncier sur le territoire. Selon les données du RGA2010 (recensement agricole 2010 du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation), elles couvraient aux alentours de 40 % du territoire de Dordogne Atlantique en 2010 (Source : Agreste, RGA2010).

Les cultures prédominantes par grandes catégories, sont, dans l’ordre décroissant :

  • La vigne
  • Les prairies (avec fourrages)
  • Les COP ou Céréales-Oléagineux-Protéagineux
  • Les vergers/arboriculture

Si l’agriculture en basse Dordogne offre une palette de productions diversifiées, il n’en demeure pas moins que plus d’une exploitation sur deux est spécialisée en viticulture toutes communes confondues.

Le réseau hydrographique du bassin constitue un atout de taille pour le développement et la pérennisation de l’agriculture. La ressource en eau est ainsi prélevée pour l’irrigation des cultures destinées à l’élevage, fruitières et légumières, … Au même titre que le remembrement, la mécanisation et l’utilisation d’intrants ou le drainage, l’irrigation a contribué à augmenter et à sécuriser la productivité agricole sur le bassin de la Dordogne depuis les années 1970. Les besoins agricoles en eau ont dès lors fortement augmentés, phénomène d’autant plus accentué par le développement de cultures exigeantes en eau (maïsiculture, arboriculture, maraîchage). La part de la SAU irrigable par rapport à la SAU totale est évaluée à 15% (Source : Agreste, RGA2010).

Le réseau hydrographique superficiel du bassin est le premier contributeur (à hauteur de 80%) en eau pour la satisfaction des besoins agricoles ; l’axe Dordogne permet de couvrir, à lui seul, environ 2/3 de la demande totale contre un peu plus d’un dixième tant pour les affluents de la Dordogne que pour la nappe alluviale de la Dordogne. les prélèvements bénéficient en majorité aux cultures de fruits et aux céréales/oléagineux/protéagineux.

L'industrie

Bien qu’il n’y ait pas véritablement de pôles industriels sur le territoire, ce dernier est caractérisé par un paysage industriel « diffus », composé d’établissements répartis suivant l’implantation de l’urbanisation le long de l’axe Bergerac-Libourne mais également dans la zone d’influence bordelaise. L’ensemble des communes incluses dans le SAGE accueille un estimatif de 200 Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) soumises à autorisation ou enregistrement, et un nombre bien supérieur d’ICPE soumises à déclaration. L’industrie agroalimentaire (vinification, conserverie, fromagerie, …) y occupe une grande place en lien avec l’importance et les secteurs de l’activité agricole du territoire (viticulture, arboriculture, …) ; il s’agit du plus gros employeur du bassin.

Les besoins en eau à usage industriel sont couverts, pour plus de 90%, par les prélèvements effectués directement dans le réseau hydrographique superficiel. La Dordogne est le premier contributeur en fournissant plus des 4/5 du volume total de la demande. Le reste de l’eau pompée, soit 8% du total, est issu des ressources en eaux souterraines : nappe alluviale de la Dordogne, nappe de l’Eocène, nappe des calcaires du Crétacé supérieur Adour-Garonne, …

Composante spécifique de l’industrie en basse Dordogne, les barrages hydroélectriques du Bergeracois (Mauzac, Tuilières, Bergerac), aménagés courant du XIXème siècle, permettent de valoriser la Dordogne en tant que richesse énergétique mais également de favoriser et/ou maintenir des activités annexes (loisirs nautiques, irrigation agricole, alimentation en eau potable, …). Leur existence est indissociable du potentiel hydraulique de la Dordogne, rivière dont ils barrent, partiellement ou intégralement le lit mineur.

L’exploitation des gravières, historiquement en lit mineur, aujourd’hui en lit majeur, constitue un autre trait de caractère du bassin en matière d’activité industrielle.

Les activités de pêche

A cheval sur le domaine fluvial et maritime, le territoire de Dordogne Atlantique est marqué par une activité de pêche reflétant cette superposition de conditions hydrauliques. Ainsi l’exercice de la pêche professionnelle, sur l’axe Dordogne, fait coexister des pêcheurs professionnels fluviaux qui ont un statut d’exploitant agricole et les pêcheurs professionnels maritimes. Leur population est aujourd’hui scindée en deux groupes :

  • Les professionnels à temps plein qui assurent la quasi-totalité de leurs revenus par la pêche. Ils sont localisés à l’aval de Bergerac et vivent principalement de la capture des populations de migrateurs (lamproie marine, anguille juvénile et civelle, alose feinte, …) mais aussi de crevettes blanches ;
  • Les professionnels polyactifs qui exercent des activités annexes pour se dégager un salaire (agriculture, restauration, artisanat, …). Actifs sur l’amont de Bergerac, ils ciblent davantage la capture d’espèces sédentaires (brochet, sandre, barbeau, vandoise, …) suite à l’effondrement progressif des stocks de migrateurs depuis une centaine d’année.

A côté de la pêche professionnelle se pratique une pêche de loisir. Le territoire de Dordogne Atlantique offre une aire de jeu riche et variée pour les pêcheurs amateurs : la Dordogne (hors zones de réserves permanentes), trente-trois affluents et sous-affluents et divers plans d’eau. En raison de la diversité des cours d’eau et des espèces piscicoles, différents modes de pêche existent : aux engins et filets (en particulier sur la partie fluviomaritime du domaine public fluvial) ; à la ligne (essentiel du réseau hydrographique de la Dordogne classé et plans d’eau).   

Qu’il soit à caractère récréatif (pêche de loisir ou amateur) ou professionnel (commercialisation des captures), l’exercice de la pêche est réglementé et planifié. Il est notamment subordonné à la délivrance préalable de « droits » de pêche (permis, licences de pêche, baux) et encadré par différents plans (PLAn de Gestion des Poissons Migrateurs ou PLAGEPOMI, Plans Départementaux pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources piscicoles).

Les activités touristiques

Complémentaires au tourisme dit « de bouche » (gastronomie, œnologie), les sports de nature constituent une part importante du tourisme en Dordogne Atlantique. Par ailleurs, ils représentent une famille d’activités particulièrement importante car intéressant aussi « le patrimoine naturel, le développement territorial d’une région, des concepts de développement durable de manière un peu plus prégnante » (Source : Patrick BAHEGNE, 2012).

La pratique de certaines activités touristiques et de loisirs, en lien direct ou indirect avec la nature et l’eau, est emblématique (cas par exemple du canoë-kayak, de la pêche), voire plus confidentielle pour d’autres (ski nautique, aviron, …).

En Dordogne Atlantique, les activités sportives et récréatives sur la rivière et les plans d’eau regroupent :

  • La navigation de plaisance ;
  • La canoë-kayak ;
  • L’aviron et le ski nautique ;
  • La baignade en rivière et en plan d’eau ;
  • La chasse au gibier d’eau ;
  • Les randonnées et promenades sur les berges ;
  • L’hôtellerie de plein air.

Enfin, un certain nombre d’usages liés aux aménités fournies par la Dordogne aval et ses affluents complètent les différentes pratiques précitées. Les bords de cours d’eau sont recherchés pour les paysages qu’ils offrent ou simplement pour le calme qu’ils inspirent. En cela, ils se prêtent à toute une série d’usages qui en font des lieux de vie et d’échange tout au long de l’année : ballades en cheval, espaces privilégiés de pique-niques, de détente et de rêverie, etc.

Milieux naturels

Une richesse de milieux remarquables et d’habitats biologiques

Le territoire de Dordogne Atlantique possède un patrimoine naturel important et diversifié que les inventaires réalisés ces dernières années ont permis de mieux apprécier. Véritables réservoirs de biodiversité, les milieux naturels abritent une flore et une faune variées dont la rareté a concouru à justifier le classement « Réserve de biosphère » du bassin de la Dordogne (2012) et en souligne le caractère exceptionnel. Les poissons migrateurs, parmi lesquels l’Esturgeon européen, en demeurent très certainement les plus emblématiques.

La valeur du patrimoine environnemental du bassin est reconnue au travers de plusieurs classements :

8 sites Natura 2000

d’emprise équivalente à 1.85% de la surface du territoire

 

2 arrêtés préfectoraux de protection de biotope

FR3800271 du 30 octobre 1984 portant sur les îles du barrage de Mauzac
et
FR3800266 du 3 décembre 1991 inhérent à la conservation du saumon, des aloses (grande et feinte), ainsi que des lamproies (fluviale et maritimes) sur la rivière Dordogne

 

Classements du patrimoine environnemental en faveur de sa protection

Les zones humides

Au-delà des écosystèmes du domaine lotique (ruisseaux, rivières, fleuves, …), le territoire compte des écosystèmes de transition ou écotones établies entre les milieux terrestres et les milieux aquatiques, voire entre différents systèmes aquatiques. Les zones humides en constituent une catégorie plus ou moins bien représentée sur le périmètre du SAGE avec 230 km² de zones potentiellement humides cartographiées en 2007, soit 9% de l’aire du territoire (Source : EPIDOR – Etude cartographique des zones potentiellement humides, 2008).

Ces terrains, riverains des systèmes lotiques ou lentiques (mares, étangs, …), sont inondés ou gorgés d’eau douce, saumâtre ou salée, de façon temporaire ou permanente ; leur végétation est à dominante hygrophile. Les rythmes saisonniers, voire l’action de l’homme (drainage), influent plus ou moins fortement sur leurs réserves en eau.

Le territoire de Dordogne Atlantique compte des marais, des plaines alluviales, des prairies humides, des mégaphorbiaies, etc. les palus ou anciens marais fluviomaritimes en constituent un type particulier sur 120 km², depuis Branne jusqu’à l’estuaire de la Gironde. Malgré l’atteinte à leurs fonctionnalités originelles, ils présentent des habitats accueillants une faune et une flore spécifiques : anguilles, loutres, angéliques des estuaires, cigognes, etc.

Véritables niches de biodiversité, ces espaces sont toutefois menacées de disparition ou d’atteintes à leur spécificités et richesse. Selon l’état des lieux réalisé par EPIDOR en 2007, environ 40% des zones humides potentielles identifiées étaient détériorés au sens de leur artificialisation (urbanisation) et/ou de leur aménagement comme par exemple par des peupleraies (échelle du bassin versant de la Dordogne). Les facteurs de fragilisation intéressent tout à la fois :

  • La pression foncière en matière d’aménagement du territoire ;
  • L’action humaine source de dégradation et d’homogénéisation des écosystèmes ;
  • La concurrence entre espèces endémiques et espèces introduites et invasives.

Une faune exceptionnelle, une flore riche et même parfois endémique

Les populations piscicoles qui peuplent les cours d’eau sont particulièrement emblématiques de la richesse du patrimoine naturel du territoire et de sa reconnaissance au travers de la labellisation du bassin en tant que réserve mondiale de Biosphère par l’UNESCO. Parmi celles-ci, celles se rapportant aux poissons grands migrateurs – Esturgeon européen, Saumon atlantique, Lamproies marine et fluviatile, Grande Alose et Alose feinte, Anguille et Truite de mer – octroient au territoire une forte responsabilité vis-à-vis de leur protection et de leur restauration : la Dordogne est le dernier cours d’eau d’Europe peuplé de ces 8 espèces de migrateurs. Leur libre circulation et le maintien de des zones de frayères, nécessaires à l’accomplissement de leur cycle biologique, sur la Dordogne et ses affluents en constituent des enjeux forts.

Le bassin versant est également colonisé par des mammifères, des oiseaux et autres espèces animales étroitement dépendants des cours d’eau et des milieux humides associés. Parmi ceux-ci :

  • La loutre assez présente, le vison d’Europe très rare.
  • Le héron cendré, le héron bihoreau, l’aigrette garzette, la grande aigrette, le martin pêcheur, les hirondelles des rivages, le cingle plongeur, les canards, …
  • L’écrevisse à pattes blanches
  • La cistude d’Europe,
  • Les odonates tel la Cordulie splendide, la Cordulie à corps fin, l’Agrion de Mercure

Au niveau de la flore, sont observés la Salicaire pourpre, l’aulne glutineux, le frêne élevé, le saule blanc et autres végétaux d’eaux calmes (iris d’eau, nénuphar jaune, myriophylle, callitriche, élodée du Canada, potamot, renoncule des rivières, …). Néanmoins, la basse Dordogne est particulièrement marquée par la présence de l’Angélique des estuaires, ombellifère endémique française estuarienne (Gironde, Loire, Charente et Adour), à durée de vie courte (3-4 ans) et de floraison estivale qui se rencontre habituellement sur le bord vaseux des estuaires soumis à marée.

Malgré le patrimoine naturel encore présent sur le bassin, aménagement hydroélectrique de la Dordogne (barrages du Bergeracois), prolifération d’espèces nuisibles et invasives, contamination des eaux, etc., contribuent à sa fragilisation.